Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/219

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brouiller avec lui en lui arrachant sa proie.

J’ai prévu que vous auriez de la peine à quitter Londres ; mais je voudrois cependant que vous en fussiez moins affectée. J’ai craint d’avance que vous ne prissiez goût à une vie dissipée, qui n’est que trop d’accord avec votre âge et avec votre vivacité ; c’est ce qui m’a fait déjà regretter souvent d’avoir donné à ce voyage un consentement que je n’avois pas la force de vous refuser. »

Hélas ! mon enfant, l’ingénuité de votre caractère, et la simplicité de votre éducation sont peu faites pour la route épineuse du grand monde. L’obscurité qui reste encore répandue sur votre naissance, vous expose à mille aventures désagréables. De tout temps mes projets et mes espérances pour votre condition future se sont bornés à la campagne. Et, vous l’avouerai-je ? quelque différens que puissent être mes principes de ceux du capitaine Mirvan, je pense assez comme lui de la capitale, de ses mœurs, de ses habitans et de ses amusemens. Londres me paroît un repaire de fourberies et de vices, de duplicité et d’extravagances ; je