LETTRE XXV.
- Évelina à M. Villars.
Non, mon cher monsieur, l’ouvrage de tant d’années n’a pas été détruit ; il subsiste toujours tel qu’il étoit ; et j’espère que quinze jours passés à Londres ne m’auront pas rendue indigne de vos soins paternels.
Cependant, je dois l’avouer, je ne suis plus aussi heureuse que je l’étois avant mon départ pour la capitale : mais ce n’est pas moi qui ai changé, c’est l’endroit de notre séjour. Depuis l’arrivée du capitaine et de madame Duval, Howard-Grove n’est plus ce qu’il étoit ; l’harmonie qui y régnoit est troublée, nos projets sont renversés, notre manière de vivre altérée, tous nos plaisirs détruits. Mais ne croyez pas, monsieur, que ce soit Londres qui a causé tant de dégâts ; non, avec des hôtes tels que ceux que nous avons amenés, ce changement étoit inévitable.