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que son intention étoit de faire valoir mes droits en justice, et de réclamer les biens de ma famille.

Il seroit difficile de vous peindre ma consternation : j’étois hors d’état de proférer une seule parole.

Elle s’étendit au long sur les avantages qui me reviendroient de l’exécution de ce plan : elle parla avec enthousiasme de mes grandeurs futures, en me faisant sentir combien je pourrois mépriser alors toutes les personnes avec lesquelles j’ai été accoutumée de vivre jusqu’ici. Elle me prédit les partis les plus brillans, et des alliances avec les premières familles du royaume : enfin elle observa qu’il me falloit passer quelques mois à Paris pour y achever mon éducation.

Elle ajouta encore qu’elle se réjouissoit d’avance de partager avec moi le plaisir d’humilier l’orgueil de certaines gens, et de leur montrer qu’elle n’est pas femme à être méprisée impunément.

Au milieu de cet entretien, on vint nous appeler pour prendre le thé. Madame Duval étoit dans la joie de son cœur ; et moi, je ne fus pas la maîtresse de cacher mon émotion. Tout le monde m’en demanda le motif. Je cherchois à