Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui reconnoisse son mérite ; et après avoir eu cette consolation, je ne demande plus qu’à mourir entre ses bras.

Ainsi, par un concours fortuit de circonstances, j’ai été chargé de l’éducation du père, de la fille et de la petite-fille. Combien de chagrins les deux premiers ne m’ont-ils pas causés ! Ah ! si le cher rejeton qui me reste étoit réservé à de pareilles disgraces, quelle triste issue n’auroient pas eue toutes mes peines ! que la fin de mes jours seroit remplie d’amertume !

Quand même madame Duval seroit digne de remplir la tâche qu’elle veut entreprendre, je doute que j’eusse assez de force pour lui céder mon élève ; mais telle que je la connois, non-seulement ma tendresse, mais même les sentimens de l’humanité se révoltent à la seule idée de lui abandonner le dépôt sacré qui m’a été confié. La quitter ! moi, qui consentois à peine quelle rendît une visite par an au château de Howard-Grove ! Pardonnez, madame ; je ne suis pas insensible, à l’honneur que vous nous faites : mais telle est l’impression qu’ont laissée dans mon cœur les calamités de la mère, que je ne perds pas un instant mon élève de vue, sans être agité par des craintes