Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/232

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tre discernement, je respecte vos raisons sans vouloir les approfondir ; j’espère seulement qu’elles ne seront pas invincibles, car je ne saurois m’imaginer que le sort ait condamné à la retraite une jeune personne faite pour embellir le monde.

Je suis bien sûre que sir John Belmont, quelque méchant qu’il soit, ne verroit point cette fille accomplie, sans être fier de la reconnoître pour son enfant, sans lui assurer l’héritage de ses biens. L’admiration que sa beauté seule a excitée à Londres, est générale et madame Mirvan m’a avoué qu’elle y auroit trouvé les partis les plus brillans, sans l’obstacle de la naissance, dont on a même essayé de développer le mystère.

Seroit-il juste, monsieur, qu’une jeune personne qui promet tant, fût dépouillée d’une fortune et d’un rang qui lui reviennent de plein droit, et dont vous lui avez appris à faire un si noble usage ? Le mépris des richesses peut convenir à un philosophe ; mais les dispenser dignement, est un avantage bien plus réel pour le genre humain.

Dans une couple d’années, peut-être, notre projet ne sera pas plus praticable. Sir Belmont, quoiqu’à la fleur de son