Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/240

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cessaire. Aujourd’hui le cas n’est plus le même, et le retour tardif de madame Duval ne sert qu’à retracer le souvenir des malheurs de mon amie.

Je ne consentirai jamais à des voies de rigueur ; ma jeune et timide pupille en souffriroit trop ; ce seroit l’exposer ouvertement à la curiosité publique et à la malignité des conjectures. Et à quel propos ? pour lui procurer des richesses dont elle peut se passer, pour satisfaire une vanité qui n’est pas dans son caractère. Un enfant plaider contre son père ! Non, madame ; accablé d’âge et d’infirmités, vous me verriez plutôt fuir avec elle au bout de l’univers, dussé-je mourir en route ! Je le répète, les motifs qui pouvoient engager l’infortunée lady Belmont à prendre un tel parti, étoient très-différens ; toute la félicité de ce monde étoit perdue pour elle sans retour ; sa vie lui étoit devenue une charge ; sa réputation, qu’elle avoit appris de bonne heure à mettre au-dessus de tout, avoit reçu une atteinte mortelle : il ne lui restoit donc qu’à sauver son honneur et celui de sa fille. Mais cette consolation même lui a été refusée.

Choisissons des mesures moins violentes, et essayons de gagner sir John