Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/267

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ver le chemin. Nous leur ordonnâmes de nous conduire jusqu’à la première auberge, où nous prendrions des informations. Bientôt après nous fîmes halte devant une petite métairie, où le domestique entra. Il revint nous dire qu’il s’étoit procuré à la vérité les directions nécessaires, mais qu’on lui faisoit craindre que la route ne fût pas des plus sûres ; qu’il croyoit même devoir nous conseiller de donner en garde nos bourses et nos montres au fermier, qui lui étoit connu comme un parfaitement honnête homme, et l’un des tenanciers de milady.

Madame Duval regarda autour d’elle d’un air farouche, et s’écria dans son angoisse : « Dieu nous assiste ! nous allons être assassinés tous ensemble ».

Le fermier se présenta à la portière, et nous lui remîmes tout ce que nous avions sur nous. Les domestiques suivirent notre exemple. Dès ce moment, la colère de madame Duval s’appaisa au point, qu’elle pria nos gens, dans les termes les plus honnêtes, de faire diligence ; elle promit de louer leur complaisance auprès de leur maîtresse : elle faisoit arrêter la voiture à chaque pas pour s’informer s’il y avoit du danger ; enfin,