Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/268

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elle succomba totalement sous le poids de ses craintes, et elle engagea le domestique d’attacher son cheval au carrosse et de venir s’asseoir à côté d’elle. J’employai tous mes soins pour lui inspirer du courage ; mais tout fut inutile, elle ne quitta plus le bras du garçon et lui promit d’assurer sa fortune, pourvu qu’il lui sauvât la vie. Son inquiétude me faisoit une peine réelle, et je fus tentée plus d’une fois de lui avouer qu’on la jouoit mais la crainte de m’attirer des désagrémens inévitables de la part de M. Mirvan, l’emporta sur mes bonnes intentions. Notre gardien mouroit d’envie de rire, et il lui en coûtoit visiblement de se contraindre.

Tout d’un coup nous entendîmes le cocher crier : « aux voleurs » !

Le domestique ouvrit la portière, et mit pied à terre. Madame Duval poussa les hauts cris. Alors je ne pus me résoudre à garder plus long-temps le silence : « Au nom du ciel ! madame, lui dis-je, tranquillisez-vous, nous ne courons aucun risque, vous êtes en sûreté : tout ceci n’est qu’un… ».

Dans ce même instant deux hommes masqués arrêtèrent le carrosse, en exprimant par leurs gestes qu’ils deman-