Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/274

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mais je ne pus en venir à bout, et je fus obligée de recourir au domestique. Pour éviter cependant à madame Duval la confusion de paroître dans cet état devant un valet, je lui demandai un couteau, qui me servit à couper la corde, et je réussis ainsi à la remettre sur pied. Mais quelle fut ma récompense ! elle ne fut pas plutôt relevée, qu’elle m’appliqua un rude soufflet. Cet acte de violence fut suivi d’un torrent d’injures et de reproches, qu’elle débita d’un ton fort inintelligible. Tout ce que je pus démêler, c’est qu’elle s’imaginoit que je l’avois quittée de bon gré : elle paroissoit persuadée d’ailleurs que ceux qui nous avoient attaqués, étoient effectivement des voleurs.

J’étois tout étourdie du coup que j’avois reçu, et je résolus d’abandonner madame Duval à sa fureur ; mais son extrême agitation et ses souffrances réelles me rendirent bientôt ma pitié. Je lui protestai que j’avois été empêchée malgré moi de la suivre, et que j’étois vraiment affligée du traitement qu’elle avoit essuyé.

Elle commença à se calmer un peu, et je la priai de nouveau de retourner dans la voiture, ou de permettre que je la