Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/277

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point conseillé de nous dépouiller de nos bourses ; car le voleur, voyant que je n’avois pas de quoi lui graisser la main m’a tirée hors de la voiture, peut-être dans le dessein de m’assassiner. Il avoit une force de lion. Jamais personne ne fut maltraité comme moi ; il m’a traînée tout le long du chemin dans la poussière, en m’accablant de coups. Que ne puis-je le voir tenailler et écarteler tout vif ! Mais patience, il n’échappera pas la potence. Dès qu’il m’eut menée à l’écart, il me battit comme plâtre, sans qu’aucun de ces misérables valets soit accouru à mes cris. Puis, appuyant ses deux mains sur mes épaules, il m’a secouée de façon que j’en porterai les marques toute ma vie : tous mes os sont démis. J’ai eu beau faire du bruit et me débattre, le traître a continué à me secouer jusqu’à me réduire en marmelade. Mais laissez faire, dût-il m’en coûter mon dernier sol, j’aurai le plaisir de le voir pendre ; je viendrai à bout de le découvrir, s’il reste encore une ombre de justice en Angleterre. Quand il a été las de me traiter de la sorte, il m’a saisie à brasse-corps, et m’a jetée dans le fossé. Pour le coup, je croyois que c’en étoit fait de moi. Il a étendu ses mains, et m’a fait encore une