Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/298

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leurs entièrement incapable de sentir la délicatesse de votre position. J’approuve très-fort la répugnance que vous lui avez témoignée pour l’exécution de son plan, et votre façon de penser à cet égard est parfaitement d’accord avec la mienne. Que madame Duval entreprenne seule ce voyage, et personne ne s’y opposera. Ce seroit le plus sûr moyen de rendre à mon Évelina cette heureuse tranquillité que sa présence a renversée. Quant à la visite qu’elle me destine, je l’en dispenserais volontiers sans doute ; mais si elle est décidée à ne pas se contenter du refus que je lui ferai par lettre, elle peut venir prendre celui que je lui prépare de bouche.

Les détails que vous me rapportez du séjour de sir Clément Willoughby, me font souhaiter plus que jamais votre prompt retour. Je suis peu surpris de l’opiniâtreté qu’il met dans ses assiduités ; mais je suis choqué des familiarités dont il les accompagne. Vous ne sauriez, ma chère, être trop sur vos gardes ; cet homme est d’un caractère à tirer avantage de la moindre imprudence que vous pourriez commettre. Il ne vous suffit pas d’être réservée avec lui, sa conduite exige du ressentiment ; et s’il s’avisoit