Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/301

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Madame Duval voyant que j’étais fermement résolu de m’opposer au départ de miss Évelina pour Paris, insista sur ce que ma pupille demeurât du moins avec elle à Londres jusqu’au retour de sir Belmont. Je combattis ce nouveau projet avec toute la force dont j’étois capable ; mais mes représentations n’aboutirent à rien, je perdis mon temps et elle sa patience : elle finit par me déclarer que de ce pas elle iroit faire son testament pour léguer à des étrangers tout son bien, qu’elle laisseront sans cela à sa petite-fille.

Cette menace auroit produit peu d’effet sur moi ; je suis persuadé depuis long-temps, qu’avec le seul nécessaire que je puis lui assurer, mon Evelina seroit aussi heureuse que si elle étoit riche à millions ; mais l’incertitude de son sort m’empêcha de suivre à la lettre le plan que je m’étois prescrit. Les liaisons qu’elle pourroit former dans la suite, le genre de vie pour lequel elle pourroit être réservée, la famille où elle pourroit entrer un jour, toutes ces raisons ajoutèrent du poids aux menaces de madame Duval ; et, après des discussions infiniment fatigantes, cette femme intraitable m’arracha enfin la promesse