Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/312

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madame Duval. Elle ne voulut les accepter, ni consentir à poursuivre son récit, qu’après qu’on l’eut assurée que ce n’étoit pas d’elle, mais du capitaine seul, qu’on s’étoit moqué. Cette défaite l’appaisa un peu, et elle reprit le fil de son histoire, qu’elle acheva tant bien que mal, non sans qu’il en coûtât bien des efforts aux jeunes gens pour l’écouter avec décence jusqu’au bout.

M. Branghton prenant la chose fort à cœur, prouva que le cas étoit de nature à être poursuivi en justice ; et que puisque madame Duval avoit couru danger de mort, elle étoit en droit de réclamer les dommages qu’il lui plairoit. Il lui proposa le juge de paix Fielding pour conduire cette affaire.

Madame Duval saisit cette idée avec beaucoup d’empressement, et déclara qu’elle ne perdroit point de temps pour tirer vengeance du capitaine, dût-il lui en coûter la moitié de son bien : « Car, ajouta-t-elle, quoique je n’estime point l’argent, dont Dieu merci je n’ai pas besoin, je ne souhaite rien de plus que de me venger de ce misérable ; il a une dent contre moi, sans que je sache pourquoi, et depuis qu’il me connoît, il n’a cessé de me jouer toutes sortes de tours ».