Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/311

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ment par les gestes et les exclamations les plus lamentables. Les jeunes demoiselles semblèrent s’intéresser véritablement à leur tante, mais le sieur Branghton fils et l’étranger ne firent que s’en moquer. Madame Duval étoit trop échauffée pour les observer ; mais lorsqu’elle dit qu’elle avoit été liée et jetée dans un fossé, le jeune Branghton ne put se retenir plus long-temps, et fit de grands éclats, en protestant que ce conte lui paroissoit des plus plaisans : son ami ne fut pas plus modéré que lui, et leur mauvais exemple entraîna également les demoiselles Branghton ; de sorte que la pauvre madame Duval fut entièrement décontenancée et étourdie par les démonstrations d’une joie aussi déplacée.

Il y eut un moment de rumeur ; d’un côté madame Duval étoit en fureur ; M. Dubois avoit un air tout ébahi ; M. Branghton père grondoit : de l’autre, ses filles ricanoient, et les deux messieurs qui avoient donné le ton à tout ceci continuoient hardiment leurs éclats ; en un mot, cette scène étoit digne de Bedlam. Ce ne fut qu’avec beaucoup de peine que M. Branghton parvint à rétablir l’ordre, moyennant quelques mauvaises excuses qu’il obligea les rieurs de faire à