Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce beau récit donna lieu à une nouvelle dispute, qui dura jusqu’à ce que nous fûmes convenus que nous descendrions tous dans la boutique.

En passant devant la chambre de M. Smith, miss Branghton eut soin de dire assez haut pour être entendue, qu’elle étoit surprise de ce qu’on tardoit tant à nous ouvrir cet appartement. Ce fut autant de peine perdue ; M. Smith fit la sourde oreille, et nous laissa continuer tranquillement notre chemin.

Nous trouvâmes dans la boutique un jeune homme habillé de noir, appuyé contre le mur, les mains jointes et les yeux fixés contre terre ; toute son attitude annonçoit un homme mélancolique, absorbé dans une profonde rêverie. Il se retira dès qu’il nous apperçut ; et comme je vis que personne ne faisoit attention à lui, je ne pus m’empêcher de m’informer qui il étoit.

Miss Branghton. « Ce n’est qu’un pauvre poète écossais ».

Miss Polly. « Qui meurt de faim, je pense ; car Dieu sait de quoi il vit. ».

Le jeune Branghton. « De son savoir, apparemment. N’est-ce pas tout ce qu’il faut à un poète » ?

Miss Branghton. « Sur-tout à un