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la Tamise étoit une nouveauté pour moi ; j’avoue que je fis le trajet avec un vrai plaisir.

Le jardin du Vauxhall est beau, mais trop régulier ; j’y voudrois moins d’allées tirées au cordeau, moins d’uniformité. L’illumination, et la société brillante qui s’assemble en cercle près de l’orchestre, offrent un coup d’œil admirable, et si j’avois été en meilleure compagnie, je crois que je me serois plu beaucoup dans cet endroit. Nous y avions une assez bonne musique, et entr’autres un concert de hautbois, qui fut supérieurement bien exécuté : cet instrument est d’un grand effet en plein air.

M. Smith s’attacha encore à me faire sa cour avec autant d’assiduité que de hardiesse ; il m’excéda bientôt, et je m’en tins au seul M. Dubois : il est honnête et respectueux, et depuis que j’ai quitté Howard, je n’ai pas fait la connoissance de personne de son sexe qui le vaille. Il parle à la vérité un anglais à écorcher les oreilles ; mais, tant bien que mal, il se fait comprendre : je suis trop timide pour risquer de parler le français, que je sais peu d’ailleurs. Au reste, je retire un double avantage de mes conversations avec M. Dubois ; je me débarrasse par-