Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roles : « Au nom du ciel, messieurs, m’écriai-je, laissez-moi passer ».

À ces mots, l’un d’eux s’approcha brusquement de moi, en disant d’un ton de surprise : « Ciel ! quelle voix ai-je entendue là » ?

« Celle d’une de nos plus jolies actrices », répondit un autre.

« Non, repris-je, je ne suis point actrice ; de grace ! laisser moi ».

« Par tout ce qu’il y a de sacré, continua le précédent, que je reconnus pour sir Clément Willoughby, c’est elle-même ».

« Oui, sir Willoughby, répliquai-je ; secourez-moi, je vous en prie, je meurs de frayeur ».

« Messieurs, s’écria-t-il, en écartant ceux qui me retenoient ; laissez cette dame, je la réclame ».

« Aha ! répondirent-ils, en jetant de grands éclats de rire ; Willoughby est un prince fortuné ». L’un d’eux s’emporta beaucoup, en jurant que je lui appartenois par droit de conquête, et qu’il soutiendroit ses titres.

Sir Clément les assura qu’ils se méprenoient grossièrement, et promit de leur expliquer l’énigme une autre fois. Je lui donnai le bras, et nous nous en allâmes