Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/367

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Dans ce moment il se jeta à mes pieds. « Ô miss Anville ! la plus aimable des femmes, pardonnez-moi, — de grace, pardonnez si je me suis oublié ; l’idée de vous avoir offensée me feroit mourir ».

« N’importe, pourvu que je retrouve mes amis ; soyez sûr que jamais je ne vous reverrai, que je vous ai parlé pour la dernière fois ».

« Qu’ai-je donc dit, qu’ai-je donc fait, ma très-chère dame, pour mériter tant de colère » ?

« À quelle extrémité me croyez-vous donc réduite ? vous profitez de l’absence de mes amis pour m’insulter ».

« Ah ! pouvez-vous me croire capable d’une pareille bassesse ? Je vous trouve dans une situation qui a lieu de me surprendre ; je vous demande un mot d’explication, et vous avez la cruauté de me le refuser ».

« Vous vous y êtes pris d’une façon qui ne devoit vous attirer que du mépris ».

« Du mépris ! est-ce là le sentiment que j’inspire à miss Anville » ?

« C’est le seul que vous méritez ».

« Eh ! tandis que vous savez, mon aimable amie, que je ne respire que pour vous, que personne ne vous adore aussi passionnément, aussi tendrement