Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/368

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que moi, pouvez-vous prendre plaisir à m’embarrasser, à me tourmenter de la sorte ?

« Vous vous trompez, monsieur ; vos embarras et vos tourmens sont purement imaginaires ; ils peuvent m’offenser, mais je suis loin d’y prendre plaisir ».

« Hélas ! tant de hauteur peut-elle s’allier avec tant de douceur » ?

Je ne répondis plus rien, et je continuai à marcher à grands pas pour sortir de l’allée. Sir Clément qui me suivoit de près, s’empara de ma main, et me supplia avec les plus vives instances, de lui pardonner ce qui s’étoit passé. C’est uniquement pour me débarrasser de ses importunités que je me vis forcée de souscrire en quelque façon à sa prière ; mais j’eus soin de le faire de la plus mauvaise grace possible, et je lui promets bien que je n’en ressentirai pas moins sa conduite.

Lorsque je fus de retour dans la salle, et que je n’eus plus rien à craindre pour ma propre sûreté, mes inquiétudes se tournèrent vers les demoiselles Branghton, que j’avois laissées dans un danger manifeste. Cette réflexion l’emporta sur un reste de vanité, et je me déterminai