Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/44

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avons obtenu cependant une loge écartée, où nous ne serons vues de personne. Quant à moi, toute place m’est égale ; je serai inconnue à la première comme à la dernière.

J’interromps ici ma lettre. À peine ai-je le temps de respirer. — Je remarquerai seulement que la magnificence des maisons et des rues de Londres ne répond pas à l’idée que j’en avois.

Je vous dis adieu, monsieur, pour le présent : je ne pouvois m’empêcher de vous écrire un mot à mon arrivée ; car je suppose que ma lettre de remercîment est encore en chemin.

Samedi au soir.

Me voici de retour du spectacle, ivre de plaisir ! C’est à bien juste titre que M. Garrick mérite sa réputation et une admiration universelle. — Je n’avois point d’idée d’un aussi grand acteur.

Quelle aisance, quelle vivacité dans son jeu ! quelles graces dans tous ses mouvemens ! quel feu et quelle expression dans ses yeux ! Je ne pouvois pas me persuader qu’il débitoit de mémoire ; chaque mot semble partir de l’impulsion du moment.

Son action est à la fois agréable et