Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/55

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courage de lui adresser la parole, et nous nous glissâmes tous trois hors des rangs, pour nous asseoir au bout de la salle.

Malheureusement pour moi, miss Mirvan se laissa entraîner de nouveau dans la danse ; et au moment où elle se leva, elle s’écria : « Ma chère, je vois là-bas votre cavalier, le lord Orville, qui court la salle pour vous chercher ».

Je la suppliois de ne pas m’abandonner ; mais elle le devoit. J’étois plus mal à mon aise que jamais ; j’eusse donné tout au monde pour trouver madame Mirvan, et pour la prier de me justifier dans l’esprit du lord ; car que pouvois-je alléguer pour excuser mon impolitesse ? Il devoit me prendre pour une imbecille ou pour une folle. Quelqu’un qui connoît le monde et ses usages, ne peut se faire une idée du trouble dont j’étois agitée.

J’étois dans la plus grande confusion ; j’observois qu’il me cherchoit par-tout d’un air embarrassé : mais quand je vis à la fin qu’il s’avançoit vers l’endroit où j’étois, je pensai tomber à la renverse. Je ne me sentois pas en état de l’attendre ; car je ne savois que lui dire. Je me levai donc, et je me précipitai dans la salle du jeu, bien résolue de passer le reste de