Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/54

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lies et engageantes, sa figure élégante, et sa physionomie la plus animée et la plus expressive que j’aie jamais vue.

Peu après, miss Mirvan prit sa place à côté de nous ; elle vint me dire à l’oreille que mon cavalier étoit un homme de condition. Cette découverte ne servit qu’à augmenter mon désordre. « Combien il aura de regret, me disois-je, d’avoir fait tomber son choix sur une petite campagnarde, sans usage du monde, qui craint à chaque pas de faire une incongruité » !

L’idée de me voir engagée avec un homme, à tous égards si fort au-dessus de moi, m’avoit déjà jetée dans la plus grande confusion, et vous pensez bien que je ne fus pas trop rassurée en entendant dire à une dame qui passa devant nous : « Voilà une danse des plus difficiles »

« Oh ! dans ce cas, dit Marie à son danseur, je vous demande la permission de ne pas en être, et d’attendre la suivante ».

« J’en ferai autant, ajoutai-je ; car également je ne m’en tirerois pas ».

Marie me répondit qu’il falloit en prévenir mon cavalier, qui s’étoit détourné pour parler à quelqu’un. Je n’eus pas le