Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/60

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— qui sans doute vous amuse davantage — que les offres que j’eus l’honneur de vous faire tantôt ; mais — »

Je partis, à ce mot, d’un grand éclat de rire : je rougis de ma sottise ; mais je ne pus m’en empêcher. Figurez-vous, d’un côté, ce petit-maître avec son air présomptueux ; une tabatière à la main ; de l’autre, la physionomie de mylord Orville, où se peignoit la plus extrême surprise, — et je vous demande s’il y avoit moyen de tenir son sérieux ?

Je riois pour la première fois, depuis que miss Mirvan m’avoit quittée, et pendant tout ce temps j’avois été plus disposée à pleurer qu’à rire. Mylord Orville me regarda avec attention : le petit-maître, dont j’ignore le nom, étoit furieux ; il me dit d’un air de suffisance : « Arrêtez, madame, je vous prie ; seulement un instant, je n’ai qu’un mot à vous dire. — M’est-il permis de savoir par quel accident j’ai été privé de l’honneur de danser avec vous » ?

« Par quel accident » ! repris-je très-étonnée.

« Oui, madame, sans contredit, et je prendrai la liberté de vous faire remarquer qu’il n’y a qu’un accident très-peu ordinaire qui puisse engager une