Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/63

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desiré de ne pas lui faire honte, puisqu’il avoit eu le malheur de me choisir.

Il parla peu, et la danse fut bientôt finie ; je n’avois donc pas eu l’occasion de remplir mon intention. Je pensois d’abord que les peines inutiles qu’il avoit prises auparavant, pouvoient l’avoir dégoûté ; puis l’idée me vint que peut être il auroit appris qui j’étois. Nouveau trouble de ma part ; et, au lieu de faire parade de mon esprit, comme je me l’étois proposé, je retombai dans mon ancien état de stupidité. Ennuyée, honteuse et mortifiée, je demeurai tranquille, jusqu’à ce que nous nous retirâmes ; ce qui heureusement arriva bientôt. Lord Orville me fit l’honneur de me présenter la main pour me conduire au carrosse ; et, chemin faisant, il me remercia de l’honneur que je lui faisois. Oh, ces gens à la mode !

Que direz-vous, mon cher monsieur, de cette soirée ? n’est-elle pas, en effet, des plus extraordinaires ? Je n’ai pu vous épargner ces détails, qui sont tous fort neufs pour moi. Mais il est temps de finir. Je suis avec un attachement respectueux, &c.

Évelina.