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LETTRE XII.


Suite de la précédente.


Mardi, 5 avril.

Cette fâcheuse soirée d’hier continue à m’intriguer encore. Je viens de recueillir de Marie, à force d’instances et de plaisanteries, un dialogue des plus curieux. Vous serez d’abord surpris de ma vanité : mais je vous prie, mon cher monsieur, d’écouter jusqu’au bout, sans vous impatienter.

Cette conversation doit avoir eu lieu pendant que j’étois avec madame Mirvan, dans la chambre à jeu. Marie étant occupée à prendre quelques rafraîchissemens, mylord Orville s’approcha du buffet dans le même dessein ; il ne la reconnut point, quoiqu’elle le remît tout de suite. Peu après, un jeune homme d’une physionomie éveillée, vint le trouver en grande hâte, et lui dit : « Eh bien ! mylord, qu’avez-vous fait de votre belle danseuse » ?

« Rien », répondît Orville en souriant et haussant les épaules.