Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/69

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Ce soir nous irons à Ranelagh. Si j’y rencontrois un de ces trois messieurs, qui se sont si joliment égayés sur mon compte ? Mais n’y pensons pas.

Jeudi matin.

Nous avons été à Ranelagh. Cet endroit me plaît : il est illuminé avec tant de somptuosité, qu’au premier coup-d’œil je crus me trouver dans un château enchanté, ou dans un palais de fées : tout sembloit tenir de la magie.

J’étois à peine entrée, que j’apperçus mylord Orville. Je perdis contenance ; mais il ne me vit point. Après qu’on eut pris le thé, madame Mirvan étoit fatiguée : Marie et moi, nous nous promenâmes seules dans la chambre ; nous le vîmes une seconde fois près de l’orchestre, où nous nous arrêtâmes pour entendre un chanteur. Orville me salua ; je lui rendis la révérence, et je sentis que je rougissois. Nous jugeâmes bientôt à propos de nous retirer : il ne nous suivit point ; et lorsque nous repassâmes devant l’orchestre, il avoit disparu. Nous le retrouvâmes plusieurs fois dans le cours de la soirée mais il étoit toujours accompagné, et il ne nous parla point : seulement il me fit quelques inclinations de