Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/72

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ture mal bâtie. Elle souffrit patiemment cette dureté. Madame Mirvan, avec sa bonté et sa douceur, méritoit un meilleur sort : comment a-t-elle pu l’épouser ?

Quant à moi, j’ai été fort réservée ; nous ne nous sommes guère parlé ni l’un ni l’autre. Je ne comprends pas comment la famille pouvoit tant se réjouir de son retour : elles auroient dû être aises de le voir loin d’elles pour toute sa vie. Peut-être ne leur déplaît-il pas autant qu’à moi ; en tout cas, elles font fort sagement de ne pas dire ce qu’elles en pensent.

Samedi au soir.

Nous avons été à l’opéra, et je suis encore plus satisfaite que mardi. Si ce n’eût été le babil perpétuel de ceux qui étoient autour de moi, je me serois crue en paradis. Nous étions placés dans l’amphithéâtre ; tout le monde étoit habillé sur le plus grand ton ; et si la représentation m’avoit fait moins de plaisir, j’aurois assez trouvé de quoi régaler mes yeux.

J’étois heureuse de n’être pas assise à côté du capitaine. Il n’est pas amateur de la musique ni du chant, et ses remar-