Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/79

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blois le pas sans prendre garde à lui, il frappa du pied en colère, en s’écriant : « Fou ! imbécille ! nigaud » !

Je le fixai avec un mouvement de surprise. « Oh ! madame, continua-t-il, pardonnez mon emportement ; mais j’enrage de l’idée, qu’il puisse y avoir un misérable qui fasse si peu de cas d’une félicité pour laquelle je donnerois ma vie ! Oh ! que ne puis-je le trouver ! vous verriez. — Mais je m’emporte de nouveau : pardonnez, madame ; mes passions sont violentes, et je ne puis digérer l’affront qu’on vous fait ».

Je commençois à craindre que cet homme ne fût pas dans son bon sens, et je le considérois d’un air étonné : « Je vois, madame, que vous êtes émue. Ô généreuse créature ! Mais ne vous alarmez point, — je redeviens calme, — je le suis déjà. Oui, sur mon ame, je le suis : tranquillisez-vous, la plus aimable des mortelles, je vous en supplie ».

« Monsieur, lui répondis-je très-sérieusement, je dois vous demander instamment de me laisser. Je ne vous connois point, et je ne suis nullement accoutumée, ni à vos propos, ni à vos manières ».

Ceci produisit quelque effet. Il me sa-