Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/84

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entrés en danse ; mais il me retint, en me disant que ce seroit lui faire un affront, et que je ne pouvois pas rejoindre ma partie, avant d’avoir fini nos tours. Comme j’étois peu au fait de tous ces usages, il fallut bien m’assujettir à sa direction. Il s’apperçut de mon embarras, et m’en demanda la raison : « Pourquoi cette inquiétude ? pourquoi détourner toujours ces beaux yeux » ?

« Je voudrois, monsieur, que vous-même vous parlassiez moins ; vous m’avez déjà gâté toute cette soirée ».

« Bon dieu ! qu’ai-je donc fait ? par où ai-je mérité ce mépris » ?

« Vous m’aviez tourmentée ; vous m’avez contrainte d’abandonner mes amis, et vous me forcez à danser malgré moi ».

« Assurément, ma chère dame, nous devrions être meilleurs amis, puisqu’il y a tant de rapport dans la franchise de nos caractères. — Si vous étiez moins aimable, croyez-vous que je pourrois supporter un tel affront » ?

« Si je vous ai offensé, vous n’avez qu’à me laisser ; je ne demande pas mieux ».

« Eh ! ma chère enfant, reprit-il en souriant, où avez-vous pris une pa-