Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/83

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« En vérité, monsieur, je ne sais que répondre ; mais… ».

Il opposa à ce mais tant d’instances pressantes, qu’à la fin madame Mirvan me dit qu’il falloit me résoudre à danser avec lui, ou bien nous retirer pour éviter ses importunités. Je balançois entre cette alternative ; mais cet homme impétueux fit tant, que je me vis obligée de lui abandonner ma main.

Ainsi son obstination déterminée l’emporta, et je fus assez punie de m’être éloignée de la vérité.

Avant que la danse s’engageât, il se montra toujours fort irrité contre mon cavalier, et il mit tout en usage pour me faire avouer que je l’avois trompé ; rien n’étoit plus clair, mais je ne voulus pas m’humilier au point d’en convenir.

Le lord Orville ne dansa pas du tout ; il paroissoit fort répandu, et changeoit à tout moment de cotterie ; mais vous concevez que je ne fus pas trop à mon aise, lorsque quelques minutes après je le vis s’avancer vers la place que je venois de quitter, et accoster madame Mirvan.

Quelle fatalité, me disois-je, de n’avoir pas résisté plus long-temps aux importunités de cet inconnu ! Je voulus le quitter au moment même où nous étions