« Où donc ? où ? montrez-moi, je vous supplie, ce misérable ».
« Misérable, monsieur » ?
« Oui, ce sauvage, ce pied-plat, ce poltron, ce mortel méprisable ».
Je ne sais où j’avois la tête, mais mon orgueil étoit blessé, et ma patience étoit à bout. En un mot, j’eus la folie de jeter un regard sur mylord Orville, et je répétois : « Mortel méprisable, dites-vous » ?
Il suivit mes yeux, et me dit : « Est-ce là ce beau monsieur » ?
Je ne répondis rien ; je n’osois dire ni oui ni non, et j’espérois d’être délivrée de mes tourmens par cette équivoque.
Dès que la danse fut finie, je voulus rejoindre madame Mirvan.
« Votre cavalier, je suppose » ? répondit-il gravement.
Cette parole me confondit ; je tremblois que cet homme dangereux ne s’adressât au lord Orville sans le connoître, et ne lui tînt quelque propos qui découvrît la ruse à laquelle j’avois eu recours. Folle que j’étois, de m’attirer de tels embarras ! Je craignois actuellement ce que je souhaitois auparavant ; et pour éviter le lord Orville, je n’eus d’autre parti à choisir, que de proposer