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dans notre voiture ; elle est seule et étrangère ».

« Elle n’en vaut pas mieux pour cela peut-être ; et qui sait si ce n’est pas quelque coureuse » ?

« Elle n’en a pas l’air, reprit madame Mirvan, et sa situation me fait pitié : ce sera une bonne œuvre de la ramener chez elle ».

« Vous aimez furieusement les nouvelles connoissances : mais voyons premièrement si cela ne nous détourne pas de notre chemin ».

Elle nous dit qu’elle demeuroit dans la rue d’Oxford, et, après quelques débats, le capitaine consentit, avec toute la fierté et toute la mauvaise grace possible, à la faire monter dans notre voiture. Il nous prouva bientôt qu’il étoit résolu de lui faire payer cher cette complaisance : il prit à tâche de lui chercher querelle, probablement par la seule raison que cette dame étoit étrangère.

Elle commença la conversation par nous raconter qu’elle n’étoit que depuis deux jours en Angleterre, et qu’elle étoit accompagnée de deux Parisiens ; que son équipage étant hors de ville, ces messieurs l’avoient quittée au sortir de la comédie pour se procurer une remise, et