Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/97

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que ne les ayant pas revus, elle craignoit qu’ils ne se fussent égarés.

« Et comment, dit le capitaine, avez-vous pu aller dans un endroit public sans un Anglais » ?

« C’est, parce que je ne connois personne à Londres ».

« Eh bien ! dans ce cas-là, vous ferez bien d’en partir vous-même ».

«Parbleu, monsieur, c’est bien ce que je me propose ; les Anglais me semblent tenir un peu de la brute, et je vous proteste que je retournerai en France le plutôt possible ; je ne suis nullement curieuse de vivre avec vous autres ».

« Est-ce que la tête vous tourne ? croyez-vous, madame la Française, que nous manquions de filoux de toute nation pour nous vider les poches ? On n’a nullement besoin de vous ici ».

« Vider vos poches, monsieur ! je souhaite que personne ne fasse ce métier plus que moi, et vos poches seront en pleine sûreté. Mais ce que je sais, pour sûr, c’est qu’aucune nation au monde ne l’emporte sur les Anglais en grossièreté ; et dès que j’aurai vu une ou deux personnes de qualité de ma connoissance, je repars pour la France ».

« Allez-y, madame, et au diable aussi ;