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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/46

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en fûmes effectivement pourvues, et nos messieurs nous quittèrent tous, en promettant de venir nous rejoindre dès que le spectacle seroit fini.

Le feu d’artifice étoit d’une grande beauté : il représentoit l’histoire d’Orphée et d’Eurydice ; mais à l’endroit où, par un regard fatal, ces deux amans sont de nouveau séparés, il se fit une si violente explosion, que nous descendîmes toutes du banc pour reculer de quelques pas, la quantité d’étincelles qui nous entouroient nous faisant craindre un accident.

Je m’étois malheureusement écartée un peu trop loin, et je ne m’en apperçus que lorsqu’un inconnu me dit : « Venez avec moi, mon enfant, je prendrai bien soin de vous ».

Ne retrouvant personne de ma société, je me sauvai en diligence vers l’endroit que je venois de quitter ; le banc étoit occupé par des gens que je ne connoissois point : je me vis seule et abandonnée au milieu de la foule, je courus de tout côté sans savoir quel parti prendre. À tout moment j’étois accostée par quelque insolent, qui se croyoit autorisé, par mon embarras, à me lancer ses mauvaises plaisanteries,