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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


est illuminé d’une noble splendeur. Et les êtres qui habitent au delà des limites de ce monde [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :] se disent : Ah ! voici d’autres êtres nés parmi nous ! Telle est, ô Ânanda, la huitième cause, la huitième raison d’un grand tremblement de terre.

Alors le respectable Ânanda parla ainsi à Bhagavat : Si je comprends bien, ô vénérable, le sens du langage de Bhagavat, ici même, Bhagavat, après s’être rendu maître des éléments de sa vie, a renoncé à l’existence. Bhagavat dit : C’est cela, Ânanda, c’est cela même. Maintenant, ô Ânanda, Bhagavat, après s’être rendu maître des éléments de sa vie, a renoncé à l’existence. — J’ai entendu de la bouche de Bhagavat, étant en sa présence, j’ai recueilli de sa bouche ces paroles : L’être, quel qu’il soit, qui a recherché, compris, répandu les quatre principes de la puissance surnaturelle, peut, si on l’en prie, vivre soit durant un Kalpa entier, soit jusqu’à la fin du Kalpa. Les quatre principes de la puissance surnaturelle ont été, ô vénérable, recherchés, compris, répandus par Bhagavat. Le Tathâgata peut, si on l’en prie, vivre soit durant un Kalpa entier, soit jusqu’à la fin du Kalpa. En conséquence, que Bhagavat consente à rester durant ce Kalpa ; que le Sugata reste jusqu’à la fin de ce Kalpa. — C’est une faute de ta part, ô Ânanda, c’est une mauvaise action, qu’au moment où s’est produite jusqu’à trois fois la noble manifestation de la pensée du Tathâgata, tu n’aies pas pu en comprendre le motif, et qu’il ait fallu que tu fusses éclairé par Mâra le pécheur. Que penses-tu de cela, ô Ânanda ? Est-ce que le Tathâgata est capable de prononcer une parole qui soit double ? — Non, vénérable. — Bien, bien, Ânanda. Il est hors de la nature, Ânanda, il est impossible que le Tathâgata prononce une parole qui soit double. Va-t’en, ô Ânanda, et tout ce que tu trouveras de Religieux auprès du Tchâitya Tchâpâla, réunis-les tous dans la salle de l’assemblée[1]. — Oui, vénérable. Et ayant ainsi répondu à Bhagavat, Ânanda rassembla et fit asseoir, dans la salle de l’assemblée, tout ce qu’il trouva de Religieux réunis auprès du Tchâitya Tchâpâla. [Puis il fit connaître à] Bhagavat que le moment d’exécuter ce qu’il avait l’intention de faire était venu.

Alors Bhagavat se rendit au lieu où était située la salle de l’assemblée, et y étant arrivé, il s’assit en face des Religieux sur le siége qui lui était destiné ; et quand il y fut assis, il s’adressa ainsi aux Religieux ; Tous les composés, ô Reli-

  1. Le texte se sert du mot Upasthâna çâlâ, que je traduis avec le dictionnaire de Wilson, donnant à upasthâna le sens d’assemblée. M. Turnour, d’après les autorités singhalaises qui sont entre ses mains, explique ainsi ce terme : « La salle ou l’appartement qui, dans chaque Vihâra ou monastère, était réservé à l’usage personnel du Buddha. » (Journ. As. Soc. of Beng., t. VII, p. 996.) Ce sens est également légitime, et il se justifie très-bien par la signification connue du préfixe upa avec les radicaux sthâ et as.