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DU BUDDHISME INDIEN.

ches, et d’autres ayant les plus belles teintes du cristal. Il fit apparaître en outre des miracles nombreux ; de la partie inférieure de son corps jaillirent des flammes, et de la supérieure s’échappa une pluie d’eau froide. Ce qu’il avait fait à l’occident, il l’opéra également au midi ; il le répéta dans les quatre points de l’espace ; et quand, par ces quatre miracles, il eut témoigné de sa puissance surnaturelle, il revint s’asseoir sur son siége ; et dès qu’il y fut assis, il s’adressa ainsi à Prasênadjit, le roi du Kôçala : Cette puissance surnaturelle, ô grand roi, est commune à tous les Auditeurs du Tathâgata.

Une seconde fois encore, Bhagavat s’adressa ainsi à Prasênadjit, le roi du Kôçala : Qui demande, ô grand roi, que le Tathâgata opère, au moyen de la puissance surnaturelle qui lui est propre, des miracles supérieurs à ce que l’homme peut faire, et cela dans l’intérêt des créatures ? Alors le roi Prasênadjit s’étant levé de son siége [etc. comme ci-dessus, jusqu’à :] lui parla ainsi : C’est moi, seigneur, qui prie Bhagavat d’opérer, au moyen de la puissance surnaturelle qui lui est propre, des miracles supérieurs à ce que l’homme peut faire, et cela dans l’intérêt des créatures. Que Bhagavat confonde les Tîrthyas ; qu’il satisfasse les Dêvas et les hommes ; qu’il comble de joie les cœurs et les âmes des gens de bien !

En ce moment Bhagavat conçut une pensée mondaine. Or c’est une règle que quand les Buddhas bienheureux conçoivent une pensée mondaine, tous les êtres, jusqu’aux fourmis et aux autres insectes, connaissent avec leur esprit la pensée du Bienheureux ; mais quand ils conçoivent une pensée supérieure au monde, cette pensée est inaccessible aux Pratyêka Buddhas eux-mêmes, à plus forte raison l’est-elle aux Çrâvakas. Or Çakra, Brahmâ et les autres Dieux firent alors cette réflexion : Dans quelle intention Bhagavat a-t-il conçu une pensée mondaine ? Et aussitôt cette idée leur vint à l’esprit : C’est qu’il désire opérer de grands miracles à Çrâvastî, dans l’intérêt des créatures. Alors Çakra, Brahmâ et les autres Dieux, ainsi que plusieurs centaines de mille de Divinités, connaissant avec leur esprit la pensée de Bhagavat, disparurent du monde des Dêvas avec autant de facilité qu’en mettrait un homme fort à étendre son bras fermé, ou à fermer son bras étendu, et vinrent se placer en face de Bhagavat. Là ayant fait trois fois le tour du Tathâgata, en le laissant à leur droite, Brahmâ et d’autres Dieux saluèrent ses pieds, en les touchant de la tête ; et allant se placer à sa droite, ils s’y assirent. Çakra et d’autres Dieux, après lui avoir témoigné les mêmes respects, allèrent se placer à sa gauche et s’y assirent. Les deux rois des Nâgas, Nanda et Upananda, créèrent un lotus à mille feuilles, de la grandeur de la roue d’un char, entièrement d’or, dont la tige était de diamant, et vinrent le présenter à Bhagavat. Et Bhagavat s’assit sur le péri-