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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


espèces de Religieux que le même savant a empruntée aux sources chinoises, les Upâsakas des deux sexes sont désignés comme restant dans la maison, par opposition aux autres classes qui, suivant l’expression buddhique, en sont sorties pour entrer dans la vie religieuse[1]. Et le savant auteur auquel nous devons ces curieux extraits termine sa note par ce résumé : « Le mot Upâsaka s’applique proprement aux Buddhistes qui mènent la vie laïque, tout en observant les préceptes de la religion, et en gardant une conduite régulière et sans souillure[2]. »

À ces autorités je joindrai maintenant diverses expressions qui avaient besoin, pour être entendues comme je propose de le faire, d’être précédées des éclaircissements que je viens de donner. Je trouve, par exemple, le terme de Buddhôpâsaka, « dévot au Buddha[3], » opposé à celui de Tîrthikôpâsaka, « dévot au Tîrthikas, » c’est-à-dire aux ascètes brahmaniques[4]. Ce terme de Buddhôpâsaka est pris exactement dans le même sens par un texte brahmanique d’une incontestable autorité, le drame du Mrĭtch tchhakatî. Un Religieux buddhiste avait adressé à un prince le titre d’Upâsaka ; ce titre, qui prête à un jeu de mots, à cause de son double sens de dévot et de barbier, est expliqué par un autre personnage comme synonyme de Buddhôpâsaka, « dévot au Buddha[5]. » Dans un autre passage, l’héroïne de la pièce, qui est une courtisane, est appelée Buddhôpâsikâ, c’est-à-dire dévouée au Buddha[6], ce qui démontre suffisamment que le titre d’Upâsikâ (féminin d’Upâsaka) n’exprime rien de pareil à celui de novice ou de catéchumène. Une légende de l’Avadâna çataka dit d’un Upâsaka qu’il est habile dans la loi du Buddha[7] ; d’un autre, qu’il a compris les formules de refuge et les préceptes de l’enseignement[8] ; d’autres encore, qu’ils connaissent les vérités[9]. Et quand il s’agit de désigner un serviteur, c’est du mot Upasthâyaka qu’on se sert, par exemple dans ce texte : « Pour nous, qui sommes les serviteurs de Bhagavat, nous désirons être constamment employés à balayer Djêtavana[10]. » Enfin, les deux titres Bhikchu,

  1. Foe koue ki, p. 181. L’expression consacrée est agârâd anagârikâm pravradjitaḥ. (Divya avad., f. 411 b de mon man.)
  2. Foe koue ki, p. 182 et 183.
  3. Avad. çat., f. 140 b.
  4. Avad. çat., f. 16 b, 20 b, 21 a et b.
  5. Mrĭtch tchhakaṭî, p. 214, édit. Calc. La traduction de Wilson ne fait peut-être pas suffisamment ressortir le sens propre de ce terme. (Hindu Theatre, t. I, p. 123.)
  6. Mrĭtch tchhakaṭî, p. 255 sqq., 322 sqq., et 329. Ici Wilson a parfaitement rendu ce titre par the devoted worshipper of Buddha. (Hindu Theatre, t. I, p. 141.)
  7. Avad. çat., f. 29 b, 31 b.
  8. Ibid., f. 121 a.
  9. Ibid., f. 36 a.
  10. Id. ibid.