Buddha à un anachorète, quelque Vihâra dans lequel les Religieux qui voyagent trouvent à leur arrivée de quoi se loger[1] ? » Quand les Religieux étaient restés assez longtemps dans un pays, ils quittaient leur Vihâra pour aller dans une autre province, où ils se choisissaient un nouveau domicile auquel ils ne restaient pas plus longtemps attachés qu’au premier. Tout cela se comprend sans peine, quand on pense à cette vie facile de l’Inde, où les ascètes passent le jour sous les arbres et la nuit dans des huttes de feuillage, ou bien sous ces abris couverts, mais non fermés, que la bienfaisance des riches a élevés de temps immémorial sur toutes les routes.
Il y a sans doute loin de cet état presque nomade du Buddhisme à la situation florissante où il se trouvait au ive siècle de notre ère, au sein des riches Vihâras et des heureux ermitages que décrit l’auteur du Foe koue ki ; mais entre l’époque où Fa hian visita l’Inde et celle que nous font connaître les Avadânas et les Sûtras, il s’était passé plus de neuf siècles, en suivant, pour la mort de Çâkya, le comput singhalais. Cependant, quelque différence qui existe entre ces deux états du Buddhisme, pris à des époques aussi éloignées l’une de l’autre, on voit clairement que le second devait assez rapidement résulter du premier. En effet, une fois que les Religieux eurent des lieux fixes où ils purent habiter en commun, le lien qui les rattachait les uns aux autres dut se resserrer davantage ; et l’effet seul de cette réunion les constitua en un corps beaucoup mieux organisé, et par suite plus durable que celui que pouvaient former les ascètes, d’ordinaire isolés, qui appartenaient exclusivement à la caste brâhmanique.
À ce fait tout matériel vint se joindre l’influence que dut exercer de bonne heure sur l’organisation des Religieux Buddhistes la nécessité où ils se trouvaient de résister aux attaques de leurs adversaires. Cette nécessité leur fit sentir le besoin de s’unir entre eux et de former une association qui pouvait très-aisément se changer en une institution monastique. Là, ainsi que l’a fait remarquer un judicieux auteur, se trouve la véritable différence qui distingue les Religieux Buddhistes des ascètes plus anciens, tels que les Sannyâsins et
- ↑ Avad. çat., f. 35 b.
creusés dans les montagnes un nombre plus ou moins considérable de cellules destinées à servir de demeure aux Religieux qui y vivaient en commun. (Erskine, ibid., t. I, p. 202.) Ces cellules sont le trait le plus caractéristique d’un Vihâra. Il en faut dire autant des belles cavernes de Baug sur la route d’Oudjain, dont le même auteur a parfaitement signalé le caractère exclusivement buddhique. (Ibid., t. II, p. 202 ) Cette observation s’appliquerait sans doute avec exactitude à plusieurs autres cavernes de l’Inde, si l’on en avait des descriptions plus exactes, et surtout moins mêlées d’interprétations mythologiques et historiques, que celles qu’en ont données quelques voyageurs. (Voyez encore sur le mot Vihâra, le Foe koue ki, p. 19 et 352.)