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DU BOUDDHISME INDIEN.

laquelle il appartient ; c’est toujours un disciple du Buddha, un disciple éclairé, il est vrai, et le plus éclairé de tous, mais qui n’a pas encore atteint à toutes les perfections du Buddha entièrement accompli.

Cela est si vrai, que le texte que j’analyse place au-dessus de ces Auditeurs si instruits des Pratyêka Buddhas ou des Buddhas personnels, qui portent réellement ce titre de Buddha, lequel ne me paraît pas accordé pas nos livres aux Çrâvakas. Les Pratyêka Buddhas sont des Buddhas égoïstes, si je puis m’exprimer ainsi, qui possèdent toutes les perfections des Buddhas, science, puissance et charité, moins ce caractère de sauveurs qui appartient en propre aux Buddhas parfaits. M. Schmidt a bien exprimé leur rôle, quand il a signalé la différence que les textes mongols mettent entre un Buddha véritable et un Pratyêka Buddha[1]. Lorsque les Sûtras et les légendes parlent de ces personnages élevés, ils ont coutume de répéter la formule suivante : « Quand il n’est pas né de Buddha au monde, il y apparaît des Pratyêka Buddhas[2]. » Nulle part cependant ces Pratyêka Buddhas ne sont représentés accomplissant les œuvres qui signalent la mission d’un Buddha véritable. Mais, je dois me hâter de le dire, nous sortons ici de la hiérarchie des classes qui forment l’Assemblée de Çâkyamuni, et nous entrons dans ce monde idéal des êtres supérieurs à l’homme, dont l’invention n’est peut-être pas due tout entière au fondateur du Buddhisme. Il faut, pour revenir à l’objet spécial de la présente section, ne pas aller au delà des Çrâvakas, titre général, comme nous l’avons dit, des Auditeurs du Buddha, et qui, avec l’addition de Mahâ (grand), donne lieu à la distinction de deux classes d’Auditeurs, les Çrâvakas et les Mahâ Çrâvakas.

En résumé, l’Assemblée de Çâkya, ou, ce qui revient au même, le corps des Religieux sectateurs de sa doctrine, se composait de Bhikchus ou mendiants, qui s’appelaient encore Çramaṇas ou Ascètes, et parmi lesquels les anciens prenaient le titre de Sthaviras ou Vieillards. Les deux premiers titres étaient des dénominations absolues en quelque sorte ; mais considérés relativement aux autres membres de la société indienne, les Religieux se nommaient quelquefois Âryas ou honorables, et relativement à leur maître Çrâvakas ou Auditeurs. Parmi les Çrâvakas on distinguait les Mâhâ Çrâvakas ou les grands Auditeurs ; cette qualification leur était certainement donnée en considération de leur mérite. En admettant qu’il faille, comme je l’ai proposé, appliquer aux fidèles les dénominations de Çrôta âpanna, Sakrĭd âgâmin et Anâgâmin, on doit croire aussi que les avantages promis à ceux que désignaient ces titres n’étaient pas

  1. Ueber einige Grundlehren des Buddhaismus, dans les Mém. de l’Acad. des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. I, p. 241. Voyez encore les observations faites ci-dessus, sect. II, p. 83, note.
  2. Nâgara avalambikâ, dans Divya avadâna, f. 41 b ; voyez encore f. 64 b.