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DU BUDDHISME INDIEN.


plissement des six cérémonies. Là il fut nourri, élevé, et il devint grand. Au bout d’un certain temps, il entra dans la vie religieuse sous l’enseignement de Kâçyapa, le Buddha parfaitement accompli. Après bien des efforts, après des études et une application profondes, il parvint, par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal, à voir face à face l’état d’Arhat. Devenu Arhat et ayant acquis les perfections qui ont été énumérées ailleurs, il devint pour les Dêvas un objet d’adoration, de culte et de respect.

Un jour il fit les réflexions suivantes : De quelle condition suis-je sorti [avant ma présente existence] ? — De celle des animaux. — Où suis-je né de nouveau ? — Parmi les hommes. — Où sont maintenant mes père et mère ? — Et aussitôt il les vit qui pleuraient dans la demeure des Nâgas. Il s’y rendit donc, et quand il y fut arrivé, il leur fit la question suivante : Pourquoi donc pleurez-vous, ô mon père et ma mère ? Ô Ârya, lui répondirent les deux Nâgas, notre Nâga kumâra, qui était au monde depuis longtemps, a été enlevé par Suparnin, le roi des oiseaux. C’est moi-même qui suis ce Nâga kumâra, reprit le Religieux[1]. — Ârya, lui dirent les deux Nâgas, la nature d’un Nâga est tellement mauvaise, que nous ne comprenons pas comment un tel être pourrait entrer dans la voie d’une heureuse existence, à plus forte raison comment il pourrait se mettre en possession d’une condition telle [que celle d’Arhat]. Mais ayant par les soins de leur fils recouvré la mémoire, ils se jetèrent à ses pieds et lui dirent : Est-il possible, ô Ârya, que tu aies acquis une telle réunion de qualités ? Si tu as besoin d’aliments, nous, nous avons besoin de vertu ; viens donc chaque jour ici prendre ton repas, et quand tu l’auras pris, retire-toi. En conséquence le Religieux venait chaque jour dans la demeure des Nâgas se nourrir d’ambroisie divine, et après il se retirait.

Il y avait un novice qui habitait avec lui. Les autres Religieux dirent au jeune homme : Novice, où ton maître va-t-il prendre son repas, et d’où revient-il après ? Je l’ignore, répondit le novice. Les Religieux lui dirent alors : Il va chaque jour se nourrir d’ambroisie divine dans la demeure des Nâgas, et il revient ensuite. Pourquoi donc ne vas-tu pas avec lui ? Mon maître, reprit le novice, a de grandes facultés surnaturelles, une grande puissance ; c’est pour cela qu’il va [où il veut] ; comment pourrais-je me transporter [où il va] ? Les Religieux lui répondirent : Quand il fera usage, pour partir, de sa puissance surnaturelle, prends le bout de son manteau. Et ne tomberai-je pas ? répliqua le novice. Bhadra mukha, lui dirent les Religieux, quand bien même le

  1. La version tibétaine ajoute : « Après ma mort je naquis dans la maison d’un Brâhmane exact à l’accomplissement des six cérémonies ; et étant entré dans la vie religieuse sous l’enseignement de Kâçyapa, le Buddha parfaitement accompli, j’ai obtenu, par l’anéantissement de toutes les corruptions du mal, de voir face à face l’état d’Arhat. »