Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
INTRODUCTION À L’HISTOIRE

naître ? Le Sthavira répondit : Il est né, ce sage magnanime qui a triomphé de la corruption ; il vit sur le mont Urumuṇḍa, entouré d’une foule d’Arhats, par compassion pour le monde. Et il ajouta :

Ce sage parfait, qui se plaît aux jeux de Celui qui sait tout, expose la Loi pure à la foule de ses disciples, conduisant par milliers à la ville de la délivrance les Dieux, les chefs des Asuras, les Uragas et les hommes.

Or en ce temps-là Upagupta, entouré de dix-huit mille Arhats, résidait dans l’ermitage nommé Naṭabhaṭikâ. Le roi en ayant été informé, convoqua la foule de ses ministres et leur dit : Que l’on équipe un corps d’éléphants, de chars et de cavaliers ; je veux me rendre promptement à la montagne d’Urumuṇḍa. Je veux voir de mes yeux le sage nommé Upagupta, qui est affranchi de toutes les souillures. Mais les ministres répondirent : Seigneur, il faut y envoyer un messager ; le sage qui habite cet endroit viendra certainement lui-même auprès du roi. Ce n’est pas à lui, reprit Açôka, à venir au devant de moi, mais bien à moi à me transporter à sa rencontre. Et il ajouta : Il est, je pense, fait de diamant, le corps d’Upagupta qui ressemble au Maître, ce corps qui égale, s’il ne surpasse pas la roche [en dureté] ; un tel homme repousserait l’ordre qu’on lui adresserait. Aussi le roi n’envoya-t-il pas de messager au Sthavira Upagupta, et il dit : J’irai moi-même voir le Sthavira.

Cependant Upagupta fit la réflexion suivante : Si le roi vient ici, il en résultera du tort pour une grande foule de peuple et pour le pays. C’est pourquoi il se dit : C’est moi qui irai voir le roi. En conséquence Açôka, pensant que le Sthavira Upagupta viendrait par eau, fit établir des bateaux dans tout l’espace qui sépare Mathûrâ de Pâṭaliputtra. Alors Upagupta, pour témoigner sa bienveillance au roi Açôka, s’étant embarqué avec sa suite de dix-huit mille Arhats, arriva dans la ville de Pâṭaliputtra. En ce moment les gens du roi vinrent lui en annoncer la nouvelle. Seigneur, bonheur à toi ! Upagupta, ce maître de ses pensées, ce pilote de l’enseignement, s’avance à pied, pour te témoigner sa faveur, suivi de sages qui ont atteint la rive de l’océan de l’existence. À ces mots Açoka transporté de joie détacha de son cou un collier de perles qui valait cent mille [Suvarṇas], et en fit don à celui qui lui avait apporté cette heureuse nouvelle ; puis faisant appeler celui qui sonnait la cloche, il lui dit : Qu’on sonne la cloche dans Pâṭaliputtra, pour annoncer l’arrivée du Sthavira Upagupta, et qu’on crie :

Celui qui, renonçant à une pauvreté qui n’a ni prix ni valeur, désire en ce monde une félicité florissante et heureuse, qu’il vienne voir Upagupta, ce sage compatissant, qui est [pour tous les êtres] la cause de la délivrance et du ciel.

Que ceux qui n’ont pas vu le premier des hommes, le Maître plein de