perçoit une sensation indifférente, les deux autres sensations, à savoir la sensation agréable et la sensation désagréable, n’existent pas pour lui ; l’Auditeur respectable ne perçoit en ce moment que la sensation indifférente ; mais cette sensation elle-même est passagère et sujette à l’anéantissement.
Alors il fait cette réflexion : Quelle est la cause, quelle est l’origine, quelle est la naissance, quelle est la production de ces sensations ? C’est le contact qui est la cause, l’origine, la naissance, la production de ces sensations. Quand a lieu la production de tel et tel contact, telles et telles sensations sont produites ; quand a lieu la cessation de tel et tel contact, telles et telles sensations cessent également, sont calmées, sont refroidies et disparaissent. Quelle que soit la sensation qu’il perçoive, qu’elle soit agréable, désagréable ou indifférente, il en connaît dans leur réalité l’origine, l’anéantissement, la diminution, l’apparition et la production. Connaissant ainsi dans leur réalité l’origine, l’anéantissement, etc., de ces sensations, quand ces sensations viennent à se produire, il s’arrête dans la considération qu’elles sont passagères, dans la considération de l’anéantissement, dans celle de l’absence d’attachement, dans celle de la cessation, dans celle de l’abandon. Éprouvant une sensation qui dure autant que dure son corps, il connaît telle qu’elle est cette vérité : Je perçois une sensation qui dure autant que dure mon corps. Éprouvant une sensation qui dure autant que sa vie, il connaît telle qu’elle est cette vérité : Je perçois une sensation qui dure autant que dure ma vie. Et après la dissolution de son corps, comme aussi quand sa vie n’atteint qu’à la moitié de sa durée, toutes les sensations perçues par lui en ce monde même cessent sans qu’il en reste rien, disparaissent, sont détruites, sont anéanties sans qu’il en reste rien. Il fait donc la réflexion suivante : Même pendant que je percevrai une sensation agréable, la dissolution de mon corps aura lieu : c’est là qu’est le terme du plaisir[1]. Même pendant que je percevrai une sensation désagréable ou une sensation indifférente, la dissolution de mon corps aura lieu : c’est là qu’est le terme de la douleur. Même quand il perçoit une sensation agréable, il la perçoit détaché et non attaché. Même quand il perçoit une sensation désagréable ou indifférente, il la perçoit détaché et non attaché. Et de quoi est-il détaché ? Il l’est de l’attachement, de l’aversion, de l’erreur ; il l’est de la naissance, de la vieillesse, de la maladie, de la mort, du chagrin, des lamentations, de la douleur, des inquiétudes, du désespoir, des misères. Voilà, ô Agnivâiçyâyana, ce que je dis.
Or en ce moment le respectable Çâriputtra, qui n’avait reçu l’investiture que depuis un demi-mois, se tenait derrière Bhagavat, ayant à la main un chasse-
- ↑ Le texte dit de la douleur, mais cette thèse vient tout à l’heure à sa place, et elle ne peut être répétée deux fois.