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DU BUDDHISME INDIEN.

manuscrit envoyé par M. Hodgson à la Société Asiatique du Bengale[1]. On y voit la mythologie la plus compliquée et les conceptions des écoles les plus savantes du Buddhisme mêlées avec les noms de Divinités dont plusieurs appartiennent en propre au culte spécial de Çiva. Voilà pour l’esprit général de ces deux traités. À ces caractères fondamentaux, qui forment vraisemblablement la partie la plus importante des Tantras, le premier de ces deux traités en ajoute quelques-uns qui sont propres au Népâl, et qui prouvent que ce petit livre a été écrit dans la vallée depuis que le Buddhisme s’y est établi[2]. C’est donc un ouvrage buddhique composé en sanscrit hors de l’Inde ; mais ce fait n’a pas en lui-même une très-grande importance, si, comme l’établit M. Wilson, on a des raisons de croire que l’ensemble des personnages mythologiques qui figurent dans ce traité faisait déjà partie du Buddhisme quand il florissait encore dans l’Inde septentrionale[3]. D’ailleurs le traité en l’honneur des Divinités népâlaises où se trouve cette trace d’une main étrangère à l’Inde ne passe pas pour un livre inspiré, et il n’y a pas lieu de lui appliquer les règles sévères de critique auxquelles il est nécessaire de soumettre les livres admis dans le canon des écritures sacrées.

M. Hodgson a fourni à M. Wilson un commentaire mythologique sur ces deux ouvrages, qui est plein de détails indispensables à connaître ; et M. Wilson à son tour les a fait suivre de remarques dont l’importance est surtout appréciable au point de vue d’où je crois qu’il faut se placer pour l’examen des livres buddhiques. La première de ces remarques, c’est que le vocabulaire sanscrit d’Hêmatchandra et surtout le Trikaṇḍa çêcha cite, outre les noms de Çâkyamuni, ceux d’un grand nombre de Buddhas et d’autres personnages divins qui jouent le principal rôle dans les Tantras des Buddhistes du Népâl. L’auteur du Trikaṇḍa çêcha, qui a dû écrire vers le xe ou au plus tard vers le xie siècle de notre ère[4], n’aurait pu parler de ces Divinités qui sont inconnues aux Brâhmanes, si elles n’eussent pas déjà existé dans le Buddhisme, qui n’avait pas encore à cette époque été proscrit de toutes les parties de l’Inde. La seconde remarque, c’est que jusqu’ici rien ne prouve que ces développements variés de la mythologie buddhique soient connus à Ceylan, dans le royaume d’Ava et à Siam[5], c’est-à-dire dans les pays où règne ce que je propose d’appeler l’école du Buddhisme méridional. C’est là un fait important, et dont la vérification intéresse

  1. Wilson, Notice of three tracts received from Nepal, dans Asiat. Res., XVI, p. 450 sqq.
  2. Asiatic Researches, p. 470.
  3. Asiatic Researches, p. 469.
  4. Sanscr. Diction., préface, p. xxvij.
  5. Wilson, Notice, etc., dans Asiat. Researches, t. XVI, p. 468 et 469.