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DU BUDDHISME INDIEN.

Ce récit terminé, Çâkyamuni en fait l’application à divers personnages ses contemporains. Le roi Surêçvara prabha, c’était Daṇḍapâṇi le Çâkya. Djâtimdhara était le roi Çuddhôdana, père de Çâkyamuni ; et Djaia vâhana, Çâkyamuni lui-même. Djalâmbu garbha, la femme de Djala vâhana, est la jeune Gôpâ, de la race des Çâkyas ; son fils Djalâmbara est Râhula bhadra, fils de Çâkyamuni ; Djalagarbha est Ânanda. Enfin les dix mille Dêvas sont les dix mille poissons de l’étang ; et la Divinité de l’arbre que Djala vâhana dépouille de ses branches est la Déesse Bôdhisattva Samutchtchayâ même, à laquelle s’adresse Bhagavat.

Dans le chapitre dix-neuvième, Çâkyamuni continuant de parler à la même Déesse, lui apprend qu’un Bôdhisattva doit être toujours prêt à faire l’abandon de son propre corps dans l’intérêt des autres. À cette occasion il lui raconte qu’un jour il fit voir à l’Assemblée de ses Religieux les reliques d’un ancien personnage qui avait accompli ce difficile sacrifice. C’est le jeune prince Mahâsattva, qui offrit son corps en pâture à une tigresse qui venait de mettre bas. Çâkya se fait à lui-même l’application de ce récit, en disant qu’il a été jadis ce prince, et en retrouvant les autres personnages de cette légende dans quelques-uns de ses contemporains, le roi Mahâratha dans Çuddhôdana, la reine dans Mâyâdêvî, et ainsi de quelques autres parmi lesquels il cite Mandjuçrî et Mâitrêya.

Ce récit terminé, les innombrables Bôdhisattvas de l’Assemblée se dirigent vers le Tathâgata Suvarna ratnâkara tchhatra kûta, et chantent ses louanges. Ce morceau est en vers, ainsi que l’éloge de Çâkyamuni que fait ensuite Rutchira kêtu. Enfin l’ouvrage se termine par des stances en l’honneur du même Buddha, que prononce la Déesse Bôdhisattva Samutchtchayâ, et dans lesquelles elle répète sous plusieurs formes que tous les êtres et toutes les conditions sont vides.

Tel est le fond de ce livre médiocre et vide en effet, comme les choses dont il parle, malgré la grande estime dont il jouit parmi les Buddhistes du Nord. Certainement si on le compare à quelques-uns des Tantras que nous possédons à Paris, il leur paraîtra supérieur en plusieurs points. Les formules magiques et les pratiques superstitieuses y occupent bien moins de place que dans d’autres Tantras presque aussi estimés. On y recommande encore le culte de Çâkya, et l’observation des vertus morales que son enseignement a eu pour but de répandre ; Çâkya y est le personnage principal, et il n’est pas encore remplacé, comme cela a lieu presque complètement dans les autres livres du même genre, soit par des Buddhas imaginaires, soit par d’autres personnages singuliers ou terribles, d’un caractère moins pacifique et moins pur. Mais malgré ces