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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

qu’à lui-même, et que c’est uniquement par la pratique d’un ascétisme tout individuel qu’il s’élève au-dessus du monde. Mais c’est à cela seulement que se borne la ressemblance du Buddhisme avec le Çivaïsme ; on chercherait vainement ailleurs des preuves de l’accord de ces deux doctrines, et il faut descendre jusqu’aux Tantras pour les voir s’associer d’une manière monstrueuse et inconnue à toutes les écoles buddhiques, hormis à celle du Nord.

Je crois qu’il ne serait ni très-profitable ni bien facile de pousser plus loin cette discussion. J’aurai une double occasion d’y revenir, d’abord quand je résumerai ce que nous savons de la collection religieuse du Népâl, ensuite quand j’esquisserai l’histoire du Buddhisme indien.



SECTION VI.
OUVRAGES PORTANT DES NOMS D’AUTEURS.

Les ouvrages auxquels est consacrée cette section seraient certainement une des parties les plus curieuses de la collection népâlaise, s’ils étaient datés et s’ils étaient plus nombreux. Datés, ils nous donneraient une histoire exacte de la littérature buddhique non inspirée ; nombreux, ils nous offriraient une masse plus considérable d’indications utiles pour la connaissance de la doctrine et de ses développements. Mais personne ne sera surpris que des ouvrages portant des noms d’auteurs ne se présentent pas en plus grand nombre dans une collection destinée avant tout à réunir les livres qui passent pour inspirés, c’est-à-dire pour émanés de la prédication même du dernier Buddha. Toutefois, quoique rares et en général peu importants, les ouvrages sanscrits composés par des Religieux buddhistes qui s’en sont avoués les auteurs ne sont, ainsi qu’on va le voir, ni sans valeur ni sans intérêt.

Une religion dont les productions réputées sacrées ont été si nombreuses a dû nécessairement exciter un vaste mouvement littéraire ; et en effet, ce qu’il m’est permis d’en entrevoir, d’après les ouvrages qui sont entre mes mains, me donne le droit d’affirmer que ce mouvement a été aussi varié qu’étendu. Ces ouvrages, quoique appartenant selon toute vraisemblance aux derniers âges du Buddhisme, reprennent et développent sous des formes nouvelles les traditions et les opinions anciennes. Légendes, philosophie, pratiques religieuses, ils traitent de tout, et fixent ainsi pour nous d’une manière définitive le cadre de la littéra-