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DU BUDDHISME INDIEN.

ture sacrée. Car si leurs auteurs ont pu ajouter au fonds primitif des développements étrangers, ils n’ont pas dû innover jusqu’au point d’inventer des classes et des catégories entières d’ouvrages ; et pour que des religieux écrivissent des Avadânas qu’ils signaient, il fallait qu’il existât d’abord dans le canon des écritures sacrées des Avadânas reçus comme l’œuvre de Çâkya.

La partie de la littérature sacrée qui paraît avoir le plus inspiré les auteurs est celle des légendes. Je trouve entre autres, dans la collection du Népâl, un volume intitulé Avadâna kalpa latâ, et dont le vrai titre, tel que je le lis dans le manuscrit même, est Bôdhisattva avadâna kalpa latâ. L’auteur est Kchêmêndra ; c’est du moins le nom qui me paraît le mieux répondre aux diverses orthographes de notre manuscrit, Çyômêndra, Kchyêmandra, Kchyêmêndra et Kchemindra, suivant la liste de M. Hodgson[1]. C’est une collection de légendes relatives aux anciennes existences des Buddhas et de leurs principaux disciples ; ces légendes portent, comme on sait, le nom de Djâtakas ou naissances. J’y ai compté vingt-six de ces histoires qui sont écrites en sanscrit et en vers du mètre anuchṭubh ; l’auteur en a emprunté le sujet à des récits plus anciens, et j’ai retrouvé la source de quelques-uns de ses Djâtakas dans plusieurs Sûtras ou Avadânas du grand recueil de légendes souvent cité, le Divya avadâna. L’exposition de Kchêmêndra est d’une extrême exactitude, et elle se rapproche autant du texte primitif que le permet la forme poétique du mètre anuchṭubh, qui est au reste le plus souple de tous et le moins éloigné de la prose.

C’est encore une légende ancienne qui fait le fond du Sapta kumârikâ avadâna, ou de l’histoire des sept jeunes filles, composition mêlée de prose et de vers, et renfermée en vingt-deux feuillets ou quarante-quatre pages. Ce petit livre est donné pour l’ouvrage de l’Âtchârya Bhadanta Gôpadatta : c’est l’histoire des sept filles d’un roi fabuleux nommé Krĭkin, que l’on fait vivre sous l’ancien Buddha Kâçyapa. Ces jeunes filles obtiennent de leur père la permission d’entrer dans la vie religieuse sous Kâçyapa, et triomphent ensuite de l’opposition que leur faisait Mâra. Ce fonds médiocre est développé en vers surchargés d’épithètes qui n’apprennent rien, et qui roulent dans le cercle de ces lieux communs qu’on trouve exposés d’ordinaire, avec beaucoup plus de talent, dans les Mahâkâvyas de la littérature brâhmanique.

On remarque un peu plus de mérite dans le Buddha tcharita, qui porte le titre même de Mahâkâvya ou grand poëme, titre qui est aussi familier aux

  1. Notices, etc., dans Asiat. Researches, t. XVI, p. 431.