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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/101

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Au temps de la captivité de Babylone, la religion perse dont les dogmes sont contenus dans l’Avesta, fit naître parmi les Juifs une secte cachée dont la doctrine, transmise par la tradition orale, se manifesta de temps en temps, mais incomplètement. La secte paraît au IIe siècle avant Jésus-Christ sous le nom d’Esséniens, et bientôt après en Égypte sous le nom de Thérapeutes, sorte de religieux qui vivaient réunis dans des couvents. La doctrine apparaît d’abord dans l’Ecclésiastique de Jésus, fils de Sirach, dans le livre de la Sagesse et dans les altérations apportées à la Bible par les traducteurs grecs nommés les Septante. Secte et doctrine avaient pris un grand développement sous les Ptolémées, lorsqu’elles appelèrent l’attention par la lutte de Hillel et de Shammai, au premier siècle avant notre ère.

La doctrine secrète avait passé presque entière, mais en s’altérant, dans les livres du Juif hellénisant Philon qui vivait dans Alexandrie au temps de Jésus. C’est cette doctrine que Jésus enseigna secrètement à ses disciples, et surtout à Pierre, Jacques, et Jean, leur ordonnant de la tenir en réserve pour des temps meilleurs, tandis que lui-même, par sa prédication, préparait les âmes à la recevoir. Les apôtres la conservaient secrète dans Jérusalem à la façon des Esséniens d’autrefois, lorsque Paul, qui la connaissait, se donna pour mission de la répandre parmi les gentils, c’est-à-dire surtout parmi les Grecs et les Romains. Recueillie par saint Luc, cette doctrine ne prit pied dans Rome qu’après la destruction de Jérusalem et après la mort de Pierre et de Paul. Cependant l’ignorance où étaient tenus les premiers chrétiens avait fait naître des opinions dissidentes qui attaquaient la doctrine, les unes (ébionites) en niant la divinité du Christ, les autres (marcionites) en niant son humanité. L’église était solidement établie ; le moment devint propice à la publication définitive du secret, et