Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/102

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c’est alors, dans la seconde moitié du IIe siècle que fut livré aux fidèles dans leurs langues l’évangile selon saint Jean. Le mystère avait donc été gardé pendant sept cents ans : il avait fallu tout ce long intervalle pour que les peuples de l’Occident se missent en état de recevoir les principes de foi légués par l’Asie.

Au point où nous à conduits cette étude, je ne crois pas qu’aucune des conclusions ci-dessus puisse être sérieusement contestée, car elles s’appuient sur les textes les plus précis, les plus variés, les plus authentiques, sur des faits généralement reconnus et sur les données les plus certaines de la science moderne. La conséquence que nous pouvons en tirer, c’est que le christianisme est dans son ensemble une doctrine âryenne et qu’il n’a comme religion presque rien à démêler avec le judaïsme. Il a même été institué malgré les Juifs et contre eux : c’est ainsi que l’entendaient les premiers chrétiens, qui l’ont défendu au prix de leur repos et même de leur vie. Si le christianisme n’était qu’un développement du mosaïsme, son histoire primitive et la destinée ultérieure du peuple juif seraient inexplicables : il serait impossible de comprendre comment les Israélites ont pu si longtemps être mis au ban des nations et surtout des nations chrétiennes. À présent, toute cette longue histoire s’explique jusque dans ses menus détails : la transmission antique, le développement dans Alexandrie et ailleurs, l’incarnation vivante, des doctrines dans la personne de Jésus, la vie et la mort de ce grand initiateur ; puis les terreurs et les luttes des apôtres et le mystère dont s’entourait la primitive église ; bientôt après, la haute philosophie des pères grecs et latins, dont la couleur orientale contrastait avec les systèmes gréco-romains ; enfin le prodigieux établissement d’une église qui, par ses dogmes, ses rites, ses constructions, ses institutions et son influence,