Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/107

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ont été précédés par tout le développement du rituel hébraïque. Il faudrait donc partir de la Genèse, œuvre incohérente et multiple qui répond à la période la plus obscure et en quelque sorte la plus mythologique du peuple hébreu. Ajoutez que tout indique aujourd’hui qu’une portion notable des rites chrétiens vient de sources qui ne sont ni hébraïques, ni même sémitiques, de telle sorte qu’il faudrait poser tout d’abord comme certains des faits qui ne doivent au contraire se présenter que dans les dernières conclusions de la science. En remontant la suite des années, on opère des retranchements successifs ; on voit les rites se simplifier, à mesure que les derniers venus d’entre eux disparaissent ; et quand on approche des origines même du rituel, il devient possible de distinguer les sources d’où il émane.

Cette méthode, appliquée à l’étude des rites chrétiens, conduit à ce résultat que beaucoup d’entre eux, rapprochés de la Bible et des pratiques des Hébreux, n’ont pas une origine sémitique. D’autres, au contraire, étaient pratiqués chez les Juifs et ont passé de leur culte dans les cultes chrétiens. Ainsi la pâque porte un nom hébreu, le tabernacle est un souvenir de l’ancienne loi. Mais presque toutes les parties du saint sacrifice, l’autel, le feu, la victime, tout ce qui manifeste aux yeux le dogme de l’incarnation ou sa légende ; puis, dans un autre ordre de faits, le temple, la cloche, plusieurs habits sacerdotaux, la tonsure, la confession, le célibat, sont autant de symboles ou d’usages dont l’origine doit être cherchée ailleurs que chez le peuple juif. Il en faut dire autant des prières et des paroles qui se prononcent dans la plupart des cérémonies : celles qui ne sont pas des psaumes ou des citations de la Bible sont animées d’un esprit qui n’a rien de sémitique ; beaucoup d’entre elles ressemblent, et pour le