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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/111

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en droit de penser que le voile du secret couvrait, comme les mystères d’Eleusis, les parties les plus profondes de la science sacrée et celles qu’il eût été le plus dangereux de découvrir à tous, au milieu du monde païen, dans une société chrétienne composée de personnes pour la plupart ignorantes.

Vint-il un temps où la doctrine cachée cessa de l’être ? On s’accorde généralement à dire qu’après Constantin il n’y eut plus de tradition secrète dans aucune église, ni en Orient ni en Occident. En reconnaissant la religion chrétienne comme une des religions autorisées dans tout l’empire, cet empereur ôta l’une de ses deux raisons d’être à la discipline du secret ; en se faisant chrétien, il convia tout le monde romain à faire de même, et fit naître une émulation qui contribua beaucoup aux progrès du christianisme. Par cela même, les églises furent ouvertes à tous ; l’affluence y fut grande ; il devint impossible aux diacres d’arrêter à la porte les catéchumènes ou les païens. La prédication s’adressant à tous dut perdre en profondeur ce qu’elle gagnait en étendue, se faire populaire, prendre une couleur de plus en plus moraliste et pratique. Aussi, est-ce à cette époque que l’église sentit le besoin de fixer ses principes essentiels dans une profession de foi désormais invariable, qui les mît à l’abri des attaques de l’ignorance et de l’oubli ; ce fut l’œuvre d’Eusèbe pour la partie historique et du concile de Nicée (325) pour le dogme ; l’un et l’autre accomplirent leur tâche sous l’impulsion et presque par l’ordre de Constantin.

Pour connaître les points de doctrine qui constituaient l’enseignement secret, il n’est donc pas nécessaire de consulter les monuments postérieurs au concile de Nicée, si ce n’est pour y chercher les documents qui peuvent s’y trouver encore touchant la période primitive du christianisme. À cette époque, tout ce qui devait être